Piégeages de Fondatrices et Repect des Autres Insectes

Lors de la réunion que Christian Ceyral a organisée avec Mme Claire Villemant le 4 avril 2008 à Sarlat, il a été question du piégeage respectueux de l’environnement.

Plusieurs avis fort intéressants ont été échangés. Voici l’opinion que je me suis fait de la question.

D’une part, il n’est pas bon de piéger n’importe quoi « sans raison suffisante ». Mme Villemant s’oppose au piégeage qui serait à la fois massif (sur une grande superficie comme la totalité d’un département par exemple) et non sélectif (avec des appâts et des types de pièges qui capturent indistinctement toute sorte d’insectes). Nécessité de surveiller très régulièrement les pièges pour délivrer les insectes non ciblés.

D’autre part, lorsqu’on capture 2 ou 3 frelons en début de printemps, il y a de fortes chances que parmi ceux-ci l’un d’eux soit une fondatrice qui aurait bâti un très gros nid. Ce gros nid, de plusieurs dizaines de milliers d’individus se nourrirait de 80% d’abeilles et le reste avec d’autres insectes.

Le dommage créé sur l’entomofaune par la survie de cette femelle fondatrice est certainement considérable, et à mon sens bien plus important que celui causé par un piégeage imparfait, qui aurait coûté la vie de quelques autres insectes non ciblés.

Mon point de vue personnel est que, en présence de 2 solutions toutes deux douloureuses, il faut savoir choisir le moindre mal. Tout comme le chirurgien qui ampute un membre gangrené.

Je pense donc que l’absence de piégeage reviendrait à une inaction grandement irresponsable de notre part ; on laisserait "l’incendie se propager".

En revanche, lorsqu’on veut agir efficacement, il faut savoir où mettre les pièges : il faut évidemment les placer à proximité des anciens nids de frelons, et là où les frelons se rendent souvent pour se nourrir, notamment aux abords des ruchers.

Ensuite, si l’on veut piéger dans des endroits qui risqueraient d’être moins marqués par la présence du frelon, il faut impérativement surveiller régulièrement les pièges pour délivrer les espèces non ciblées.

Sur le même sujet, voir la question sur la désinsectisation respectueuse de l’environnement.

En piégeant accidentellement des insectes soit protégés, soit en voie de disparition, doit-on craindre que nos pratiques soient semblables à une infraction vis à vis de la loi, qui interdit la destruction de tels insectes.

Je pense la comparaison excessive. la loi interdit la destruction volontaire et gratuites d'espèces qui ne sont pas nuisibles. Mais la destruction accidentelle d'une espèces qui n'était pas ciblée ne rentre pas sous le coup de la loi.

Dans ce cas, tous les agriculteurs seraient hors la loi, car les traitements qu'ils appliquent pour éradiquer un parasites ou un nuisible bien ciblé, entrainent la désinsectisation à grande échelle d'une très grande partie de l'entomofaune.

Par ailleurs, je pense qu'il ne faut pas non plus exagérer l'impact négatif des pièges qui sont aujourd' hui imparfaitement sélectifs. Certes l'on trouve quelques insectes comme des papillons, des mouches et des Vespa crabo dans les pièges qu'on destinait au Vespa velutina, mais il faut savoir garder les pieds sur terre grâce à des éléments de comparaison et de bon sens.

Par exemple, chaque fois que je prends ma voiture je tue sur mon pare-brise des insectes non ciblés ! On favorise le tourisme dans le Sarladais, et des millions de kilomètres sont parcourus par des véhicules destructeurs de l'entomofaune. L'écologie à outrance est rapidement un piège, une anti écologie.

En conclusion, il nous reste à perfectionner les pièges pour les rendre plus sélectifs; il faut raisonner au mieux l'emplacement de nos pièges. Mais il ne faut pas diminuer le piégeage par peur de capturer des insectes qui seront dévorés en plus grand nombre par les frelons qui n'auront pas été capturés lors du piégeage des fondatrices.

Le frelon vespa velutina se développe que si il y a présence d'abeilles ( ruches où essaims naturels) , les pièges doivent être positionnés sur les ruchers uniquement , les fondatrices sont attirées sur le piège non pas par les appats mais par la phéromone déposées par les précédents visiteurs, le piège bouteille plastique est totalement inefficace il est inutile d'en placer à tous les quatre coins de rue
Voir dans " Abeilles et fleurs " la lettre de Mr Borlloo concernant la position du ministère sur les insectes non protégées ( frelons guepes)

pas trop d'accord:

"Le frelon vespa velutina se développe que si il y a présence d'abeilles ( ruches où essaims naturels)":
1) dans une nature en ordre, il y a des abeilles partout
2) je détruits des nids de frelons en ville et le long des cours d'eau, pas forcément là où il y a plus d'abeilles qu'ailleurs.

"les fondatrices sont attirées sur le piège non pas par les appats mais par la phéromone déposées par les précédents visiteurs":
1) à la sortie de l'hibernation, les fondatrices ont besoin d'appats sucrés énergétiques, et c'est ce qui les attire, surtout si l'on utilse certains appats particulièrement odoriférants (miel, sirop de cassis ou autre...)
2) quand on vide un piège des frelons qu'il contient, le piège est moins efficace ; quand on y remet quelques frelons crevés, ça les attire très vite. est ce seulement une affaire de phéromone ? je ne serais pas aussi catégorique.

"le piège bouteille plastique est totalement inefficace"
1) ce n'est pas ce que j'ai observé avec de nombreux apiculteurs, depuis plusieurs années. mais il est vrai que chez certains ça ne piège rien (pourquoi, je ne sais pas, je constate seulement) et chez d'autres ça marche énormément. encore cette année, j'ai reçu de nombreux mails et coups de tél me le confirmant

" Abeilles et fleurs " la lettre de Mr Borlloo concernant la position du ministère sur les insectes non protégées ( frelons guepes)":
je ne suis pas au courant de ça, et d'ailleurs vous pouvez voir que ces sujets et ce forum ne font plus trop partie de mes préoccupations quotidiennes (même si je reçois encore pas mal d'info) ; mais le président du Syndicat Apicole de la Gironde nous a donné une info contraire, nous disant qu'au niveau européen (Bruxelle) le rôle de prédation des frelons sur les abeilles aurait été reconnu. je n'ai qu'une info extrêmenent vague à vous fournir, mais si ça vous intéresse je vous prie de la vérifier vous même. pour vous aider, le n° de Raymond Saunier du S.A.G. : 05.56.87.27.54

cordialement

Si je te disais que dans nos pièges " phéromonés" nous capturons les fondatrices sans présence d'appats à 100% autour de nos ruchers et que nous n'avons pas de nids de frelons dans un rayon de 3km, serais tu convaincu???
En ce qui concerne la lettre de Mr Borloo elle nous autorise à pieger sans discernement guêpes , frelons europeens et toutes les espèces non protégées

je suis convaincu par l'efficacité des pièges à phéromones, et des pièges à appât, que vous pouvez vérifier chez n'importe quel apiculteur qui met ses déchets de cire dehors. Demander par exemple à jeanne Brunet de Pessac, qui écrase dans ses mains (avec des gants bien sûr... ) une quinzaine de frelons à la fois, frelons qui se trouvent appâtés par les déchets de cire ; dès que les frelons sont à plusieurs sur les cadres de cire ou sur tout autre appât, il n'y a aucune abeille. Les phéromones ne sont donc pas les seuls moyens d'appâtage efficaces.
je ne m'oppose pas à votre point de vue, je l'élargis par l'expérience de centaines d'apiculteurs.

après, j'en conviens, les scientifiques jugent inutile le piégeage en dehors des ruchers, et ils craignent que le piégeage d'espèces non ciblées soit à son tour préjudiciable à l'environnement.
une tentative de réponse sur :
http://www.gironde.fr/cg33/upload/docs/application/pdf/2009-03/reponse_aux_inquietudes_sur_piegeage.pdf

il est certain que le piège à phéromone présente cet avantage de cibler plus précisément le frelon asiatique, mais je doute que les apiculteurs abandonnent leur piégeage actuel, pour ne plus utiliser que le piège à phéromone. Ma démarche est donc de garder un lien avec les apiculteurs pour essayer d'influencer leurs pratiques du piégeage, pour le rendre le plus respectueux possible de l'environnement.