Poudrage et respect de l'environnement (oiseaux)

Lors de la réunion de Christian Ceyral, il a aussi été question de l’impact des désinsectisants qu’on laisse dans les nids de frelons asiatiques.

Nous avons abordé des comparaisons fort intéressantes avec d’autres programmes de désinsectisation tout à fait légaux.

Ces comparaisons sont dangereuses pour la rigueur scientifique. En effet, la valeur d’un raisonnement par comparaison (ou par analogie comme disent les philosophes ou les logiciens) est plus difficile à sauvegarder, car une analogie n’est jamais parfaite. L’élément de comparaison ne ressemble jamais totalement à la situation qu’on étudie. Abandonnons les cours de logique formelle et matérielle qui font partie des programmes de philo, et revenons au pratico - pratique qui nous intéresse.

La discussion (très amicale et enrichissante) opposait 2 points de vue :

D’une part le poudrage des nids de frelons risque de contaminer des oiseaux qui viennent manger les larves.

D’autre part, la poudre utilisée est une pyréthrinoïde, qui est homologuée en agriculture pour des traitements de grande échelle sur des milliers d’hectares.

Christian Ceyral s’est renseigné sur l’homologation d’une formulation couramment employée en agriculture. Cette formulation à base de perméthrine a fait l’objet de test qui ont révélé qu’il n’y avait pas d’impact sur les oiseaux, notamment la mésange qui est assez sensible.

En réalité, ce n’est pas la matière active (la pyréthrinoïde, ou la perméthrine) qui est homologuée, mais telle formulation bien précise, qui est homologué pour un usage et contre un parasité bien précis, et à des doses précises.

Certes, les agriculteurs en déversent des tonnes sur des milliers d’hectares, mais les doses au m² ne sont pas les mêmes que celles que nous injectons dans un nid de frelons asiatiques.

Les doses de produits répandus par les agriculteurs ne sont pas suffisantes pour tuer les mésanges d’après les essais dont nous parle Christian Ceyral. Il me manque de savoir si la nocivité est étudiée sur des oiseaux qui reçoivent par accident le traitement, ou sur des oiseaux qui consommeraient des insectes morts à la suite du traitement par l’agriculteur.

En tout cas, même si les essais d’homologation ont portés sur l’ingestion par les oiseaux d’insectes contaminés par le traitement de l’agriculteur, les doses de produits sont sans commune mesure avec les doses de produits que reçoivent les frelons dans un nid qui est poudré.

Mais la comparaison est encore fausse à un autre point de vue, car les oiseaux ne viennent pas picorer les insectes poudrés, mais les larves qui sont restés dans leurs alvéoles. Celles-ci sont protégées, et n’ont pas reçu de poudre. Peut être peut on craindre que l’oiseau ne se mette un peu de poudre sur le bec en creusant dans les plateaux de larves, mais l’on a remarqué par ailleurs que les oiseaux attendent 8 à 10 jours avant de piller un nid de frelon poudré. Dans tous les cas, il ne s’agit pas d’oiseaux venant manger des frelons blancs de poudre juste après poudrage, quand la poudre est toute fraîche et en quantité importante.

Pour conclure, nous avons ramené cette « polémique » (restée très amicale) à ses justes limites. En effet, la question est surtout théorique (et malgré tout importante), mais dans la pratique, il y a assez peu de divergences.

Tous sont d’accord pour dire que, lorsque c’est possible, il faut détruire au bout de quelques jours le nid qui a été poudré. Ceci pour éviter que des oiseaux ne se nourrissent comme on l’a vu, des larves qui sont restées dans le nid désinsectisé. Risque d’une contamination en cascade de plusieurs espèces animales, le long d’une chaîne trophique (alimentaire) dont ne connaît pas la longueur.

Tous s’accordent également pour dire qu’il ne faut pas risquer sa vie à grimper dans un arbre pour faire tomber un nid ; et puis même sans risquer sa vie, on peut parfois atteindre un nid qui a été poudré avec une perche télescopique.

Il y a la solution de remettre plus tard la canne télescopique dans le nid, avec un pétard au bout pour éclater le nid, mais je ne l’ai pas essayé. Personnellement, j’utilise un tasseau de 25mm de côté sur 6 mètres de long, je remonte un peu dans l’arbre ou à mon échelle, je perce le nid de part en part, et en secouant le tasseau, le nid se décroche assez souvent et il glisse le long du tasseau.