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Résumé d'une discussion avec un chercheur de solutions

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Message  Admin Mar 22 Avr - 17:29

De nombreuses idées me sont communiquées par plusieurs d’entre vous. Mais je ne réponds à personne… En fait répondre à chacun en redonnant tout un long argumentaire, ce serait trop long.

Alors voici en gros la discussion téléphonique que j’ai eu avec un « chercheurs de solutions » en Dordogne. Ça répondra à beaucoup d’entre vous.


_ Vous travaillez sur les cannes télescopiques, mais vous êtes quand même limité en hauteur. Jusqu’où intervenez vous ?

_ Pas très haut, puisque les meilleures cannes qui permettent le poudrage à distance mesurent soit 9m (76 € H.T), soit 11m (105 €). Canne de marque Unger, en alu. Alors avec une échelle de 10m et dans les meilleures conditions, on atteint difficilement les 17 ou 18m de haut, ce qui ne permet pas de détruire tous les nids.

Et pour atteindre les 17m, il faut l’arbre idéal contre lequel on peut dresser l’échelle. Pas possible avec un arbre biscornu, ou qui pousse sur un terrain trop pentu.

Néanmoins j’atteins avec ma canne et mon échelle beaucoup de nids, et ça revient bien moins cher que si on louait une nacelle.

Les nids qui sont plus hauts inquiètent rarement les gens ; tant que ça ne les pique pas, ils se moquent de faire détruire un nid à leur frais. (Il y a quand même eu des exemples de piqûres avec des nids à 20m de haut, comme je le signale dans mon rapport, mais c’est assez rare.)

Pour résumer, on atteint assez facilement les nids qui sont bas (moins de 15m). Ensuite, pour les nids qui sont plus haut, ce ne sont pas des particuliers qui appellent, mais plutôt les collectivités, municipalités etc… à cause du danger de chute et/ou de piqûres lorsque ces nids sont dans un lieu public.

L’intérêt de rechercher des solutions est double :

• atteindre les nids très haut perchés qui sont en ville ou dans des terrains publics

• atteindre de tels nids un peu partout dans la campagne, si une organisation ou un syndicat apicole décidait de se lancer dans une désinsectisation massive du frelon Vespa velutina.


_ Pourquoi ne pas rechercher la solution du projectile qui atteindrait le nid, soit au fusil, soit à l’arbalette qui est plus précise que l’arc ?

Je voudrais explorer cette solution mais qu’est ce vous en pensez ?


_ Pour le fusil, de nombreux essais de munitions ont été menés, prenant beaucoup de temps, sans arriver à aucun résultat. Ces essais furent menés entre autre par le vétérinaire conseil du GDSA, Daniel Gergouil ; à plusieurs, ils ont étudié la possibilité de modifier des munitions pour tenter d’obtenir un effet d’explosion lorsque le projectile atteindrait le nid.


Tout d’abord il recherchait quelque chose qui éclate dans le nid. Tirer un projectile qui traverse le nid est inutile ; c’est même dangereux (voir mon rapport d’étude sur le frelon). Et le problème, c’est que tous les nids ne sont pas résistants de la même façon : certains sont fragiles, d’autres plus résistants. Les nids sont en général plus solides dans leur partie haute que dans le bas.
Je vous laisse imaginer le temps nécessaire pour modifier des projectiles, et pour passer aux essais grandeur nature ! soit en se déplaçant dans la campagne à la recherche de nids-cibles, soit pour décrocher quelques nids et pour les « essayer » dans un stand de tir.

A cette époque, on faisait encore la confusion entre le nid, et la colonie de frelons. On pensait qu’en détruisant le nid, la colonie serait vouée à disparaître. C’est notamment le cas avec les frelons européens qui sont incapable de se réorganiser et de survivre après la destruction de leur nid.

Dans tous les essais que vous voudriez mener avec des projectiles, il vous faudra être sûr de détruire quasi instantanément la colonie, plus que le nid.

Car l’on sait maintenant que la destruction mécanique, si violente soit-elle, n’est pas une solution efficace. Le frelon possède un squelette externe, une carapace de chitine notamment au niveau du thorax ; donc les agressions mécaniques l’assomment ou le mettent hors de combat durant environ 10 minutes. Si certains organes ont été extérieurement abîmés, le frelon se remet petit à petit, puis il repart en vol. Chez les insectes, les froissements d’ail et de pattes ne sont rien ; (ce n’est pas comme les froissements de caractère chez une autre espèce dite raisonnable ! …)

Les frelons asiatiques qui subiraient la destruction mécanique brutale de la totalité de leur nid, pourraient encore se réorganiser et rebâtir un nouveau nid.

Je n’ai pas mené d’essais avec l’explosion, mais de toute façon, ça n’empêcherait pas le risque de récidive. L’explosion avec un pétard (et non à la lance à incendie, dont on a vu parfois les désastres). A priori l’explosion d’un gros pétard est une destruction mécanique, mais les effets d’une onde de choc sont parfois spectaculaires. Un de mes clients qui avaient des abeilles dans sa cheminée m’a dit qu’il s’en était débarrassé en mettant un pétard (les fameux « mammouth » du 14 juillet) et qu’elles en étaient toutes mortes. Certes les abeilles sont plus fragiles que les frelons. A cause du risque de récidive, et à cause de la difficulté d’introduire un pétard qui explosera dans le nid, je reviens toujours sur mon idée de poudrage qui est plus simple et plus efficace.



_ Mais pourrait-on reprendre l’idée d’atteindre les nids avec un projectile porteur d’un désinsectisant liquide ? Nous avons l’exemple de la seringue hypodermique que les vétérinaires utilise pour endormir à distance un animal dont on ne peut s’approcher. Il faudrait étudier quelque chose de ce genre.

Personnellement je n’essaierai pas les désinsectisants liquides, pour plusieurs raisons :

• à cause du risque de « récidive » :


J’appelle récidive la reconstruction d’un nouveau nid par les frelons qui ont échappés à la désinsectisation, soit qu’ils se soient enfuis du nid lors de l’opération, soit qu’ils étaient absents.

En tant que désinsectiseur professionnel j’évite les récidives chez mes clients.

Pour vous, apiculteurs, une récidive après destruction de la reine, ça vous inquiète beaucoup moins, puisque vous savez que le nid est voué à s’éteindre en quelques semaines. Mais l’injection à distance d’un liquide ne vous donnera jamais la garantie de tuer la reine :


à cause de la difficulté de traiter la totalité du nid instantanément :

La colonie peut donc continuer de vivre, et vous courrez le risque de la rendre particulièrement agressive, comme après une agression mécanique inefficace. Piqûre possible plusieurs jours après si quelqu’un passe à proximité.

De plus les produits liquides à action « rémanentes » ne me sembleront jamais assez puissants pour tuer un frelon qui se promènerait dans le nid redevenu sec.

L’avantage avec la poudre, c’est qu’elle reste disponible assez longtemps. Les frelons qui reviennent au nid finissent après 30 secondes d’hésitation (l’odeur de la poudre est déplaisante) par rentrer dans le nid. Ils ressortent quelques temps après, poudrés, et ils meurent rapidement. Certains de mes clients qui observaient leur nid plusieurs heures après mon poudrage, m’ont dit que le frelon ressortait 15 ou 20 secondes après, et qu’il tombait à l’aplomb du nid, sans même voler.

En tout cas, je n’ai jamais eu de récidive après poudrage, et quelle que soit l’heure de mon intervention en pleine journée !

Par contre, le taux de récidive oscillait entre 5 et 10% lorsque je capturais le nid entier en l’enrobant brutalement dans un sac plastique (descriptions dans mon rapport) ; j’avais des récidives même lorsque j’intervenais entre minuit et 1 heure du matin, et qu’aucun frelon ne s’était échappé. C’est ainsi que j’ai compris que tous ne rentraient pas au nid la nuit, et que ceux qui « découchaient » étaient suffisamment nombreux pour se réorganiser ensuite.

Le poudrage m’a donc semblé la solution : pas de récidive, moins d’attaque de frelon, et possibilité d’intervenir à n’importe quelle heure. Car il faut arrêter de suivre le schéma des interventions nocturnes, qui sont quand même plus risquées. D’autant que la lumière des projecteurs, même si on économise au maximum leur emploi, les réveillent parfois un peu.


Pour finir avec les récidives, si vous poudrez un nid, laissez le en place plusieurs jours, car les frelons peuvent quitter le nid plusieurs jours, et rebâtir à leur retour. J’ai observé qu’une seule récidive après poudrage ; c’est sur seul nid que l’on m’a forcé d’enlever 24h après poudrage. Le client était pressé, et ne voulait pas entendre mes mises en garde contre le risque d’une récidive par les frelons qui reviendraient le surlendemain. Il a tenu à ce que je revienne le lendemain, et il y a eu récidive.

Autres avantages du poudrage : la pénétration dans le nid est très discrète et ne réveillent pas inutilement les frelons qui restent en majorité dans le nid. Et la poudre de magnésie est tellement pulvérulente qu’elle se répand instantanément dans tout le nid, comme une fumée. Les frelons sont tous piégés à l’instant T, ce qui ne serait pas le cas avec une lance de pulvérisateur que l’on promènerait même rapidement dans le nid.

L’inconvénient du liquide par rapport à la poudre, c’est que même s’il est poussé par un jet sous pression (bombe longue portée) ce liquide ne contourne pas les obstacles qui sont sur sa trajectoire. Même quand elles sont finement pulvérisées, les gouttelettes de désinsectisant s’accumulent sur le 1er obstacle, elles dégoulinent donc, au lieu de contourner l’obstacle comme la poudre. Certes ça va un peu humidifier quelques parties du nid, mais il faudrait réellement mouiller instantanément tout l’intérieur du nid. Cette difficulté me semble difficilement surmontable.

Si vous envoyez une seringue, destruction partielle ; l’odeur du produit, et le choc, auront vite fait d’inquiéter les frelons qui sortiront très rapidement.


Dans tous vos essais, la rapidité de sortie de la colonie est un élément à prendre en compte.

Bref, si vous faites des recherches sur un projectile à désinsectisant, il faudrait que ce soit une poche de poudre qui s’éclate dans le nid. Il faut à mon sens 2 effets : l éclatement dans tous le nid, et la surprise, c'est-à-dire être sûr de les avoir du premier coup, sans les prévenir.

Evidemment, je raisonne selon une logique d’entreprise, qui me met peut êtres des œillères dans ma démarche de recherche. Dans cette logique d’entreprise, que je cherche à éviter le mécontentement d’un client qui observe une récidive après mon passage. Pour vous, qui êtes apiculteurs et qui savez que les récidives sont rarement dangereuses (le plus souvent les œufs pondus sont non fécondés et ne donnent que des males dépourvus de dard), vous ne recherchez pas forcément la même garantie que moi en matière de récidive.

Mais je vous donne quand même 2 observations :

Sur un nid poudré abondamment, jai observé une fois des frelons qui vivaient dans une petite partie qui n’avait pas reçu de poudre.

Enfin, quand je dis que les récidives sont moins dangereuses parce que la descendance est constituée de mâles dépourvus de dard, je n’en ai pas une certitude à 100%. C’est vrai dans au moins 95% des cas. Mais j’ai observé une fois une récidive après la destruction complète par mes soins d’un nid. La plus grande partie des frelons avaient été détruits dans le nid. Mais la récidive 3 semaines plus tard ne manquait pas de piquant !

C’est pourquoi je doute encore, malgré l’avis des scientifiques, qu’il n’y ait qu’une seule fondatrice fécondée dans un même nid. Selon le Dr Villemant, la fondatrice finit par devenir un peu inamovible dans son nid, ses ailes sont abîmées par le passage des multiples frelons qui passent sur elles. Pourtant la récidive piquante que j’avais observée était en fin juillet.

J’attends donc la suite de mes observations en 2008, mais vu ma nouvelle façon de procéder, c'est-à-dire le poudrage, j’aurais peut être moins d’occasion d’observer des récidives.


Je remercie tous ceux qui me font part de leur réflexion, et je supplie les autres de me faire partager leurs avancées, car le travail solitaire est souvent stérile.

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Message  pepere31 Sam 10 Oct - 13:17

J'ai lu quelque part qu'un apiculteur collait un bout de laine de 30 cm aux frelons qu'il capturait puis les relachait pouvant ainsi les suivre et repérer leurs nids.
N'y aurait il pas moyen d'imprégner le bout de laine d'un insecticide puissant et rémanent qui donc ne tuerait pas le frelon tant qu'il vole mais qui le tuerait arrivé au nid et empoisonnerait ainsi le nid.

pepere31
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Message  didier Sam 10 Oct - 14:33

je connais un apiculteur qui se sert de naphtaline pour en envoyer une boule dans le nid avec un lance-pierre, et l'effet est radical. alors pourquoi pas? moi je n'ai pas le temps de mener ces essais, mais je vous souhaite bon courage si vous voulez essayer.

didier
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